Journal Graphique N°03 | Mathilde Langot, créatrice de papiers légumes
Mathilde récupère les déchets organiques des restaurants, les épluchures de légumes, les prospectus, les journaux et les transforme en magnifiques papiers légumes. Elle m’a reçue dans son atelier à Semur-en-Auxois, alors que je venais de passer commande pour un projet client et m’a détaillé sa méthode de fabrication.
Sans surprise, tout est artisanal. Les cadres, bacs, mixeurs, mélangeurs, feutrines, éponges, les outils ne manquent pas et sont minutieusement rangés, triés et manipulés.
Comme une cheffe de cuisine
Prenez un saladier, ajoutez une belle louche de papier coupé en lamelles, un litre d’eau, mixez 5 minutes à vitesse 5.
Laissez reposer 30 min afin que le papier s’imbibe correctement. Je plaisante, ne faites pas ça chez vous, la recette est tenue secrète 🙂
Sur le principe
Les papiers de récupération sont broyés et trempés afin de constituer une pâte épaisse, comme une cheffe de cuisine, elle compose son papier au fil de ses inspirations, elle ajoute les épluchures, les fibres de légumes puis récupère cette matière avec des cadres en tissus afin d’en extraire une feuille bien épaisse.
Le temps comme ingrédient
Les papiers sont étendus sur les cadres, l’excédent d’eau est retiré manuellement à l’éponge et les papiers partent sur les étagères de séchage scrupuleusement agencées afin que l’air puisse circuler.
Au fil du temps (et du séchage), les nuances se révèlent et donnent naissance à des papiers d’exception. Les teintes et les motifs sont tous différents d’une page à l’autre et c’est ce qui m’a tout de suit séduit : le papier est vivant et chaque page est unique. On aperçoit les fibres de poireaux et c’est tout à fin satisfaisant !
En application
Ce papier ne peut évidement pas passer en machine d’impression standard, afin de rendre le projet client possible, j’ai choisi d’expérimenter l’impression du papier légumes en letterpress, utilisant une presse mécanique. Julien de l’atelier SUPERMARCHENOIR à accepté de relever le défis et ça à fonctionné !
Le support final est dingue, unique et en phase avec l’identité du restaurant.